
CHRONIQUE
100% PASSIONNÉE
On apprend de nos erreurs
Personnellement quand je pense chasse à l’orignal, je m’imagine tout de suite un gros buck avec son énorme panache sur la tête et c’est bien normal! Qui ne rêverait pas de récolter l’un des rois de nos forêts québécoises?
Moi la première j’en rêve et j’essaie de me donner tous les moyens pour atteindre mon objectif. Au fils des ans, je ne pourrais même pas calculer le nombre d’heures passées en forêt afin d’augmenter mon bagage de connaissances et d’affiner mes techniques. Oui la chasse c’est en partie de la chance, mais derrière ces belles récoltes, il y a énormément de travail, de préparation et de persévérance.
Cette année sera ma 6e saison de chasse à l’orignal. J’ai plus souvent chassé l’orignal pendant la saison de la carabine. Cette période est un peu plus tard en octobre. Les orignaux sont alors présents, mais leurs habitudes et réactions sont bien différentes que durant la période de rut plus tôt en saison. Comprendre leurs habitudes de déplacement entre les différents sites et bien connaître son territoire est très aidant. Cela permet de les intercepter parfois dans leurs déplacements ou vous permet aussi de déterminer un bon endroit où vous mettre à l’affût. Durant la période de la carabine en Gaspésie, les bêtes sont beaucoup moins réactives aux appels. De là l’importance de connaitre les endroits qu’elles fréquentent en dehors du rut, car ce sont souvent des secteurs où vous les retrouverez pendant la chasse.
Cette chronique n’est aucunement écrite par une experte. Je suis encore une débutante à la chasse à l’orignal et je crois que je ne suis pas la seule qui se questionne parfois pour de petites choses. Je dis débutante même si j’ai déjà quelques années derrière la cravate, car je suis loin d’avoir autant d’expérience ou de vécu par rapport à cette chasse, mais nous ne cessons d’apprendre. On a beau en connaitre beaucoup sur le sujet, il faut aussi savoir mettre nos connaissances à l’œuvre. De mon côté, c’est l’automne dernier que j’en ai appris le plus et où j’ai pu interagir à plusieurs reprises avec des orignaux. C’était aussi la première fois que j’avais la chance de chasser durant la période de l’arc et arbalète dans un endroit avec une forte densité d’orignaux. J’avais tellement hâte d’interagir avec eux comme on voit dans les films de chasse.
Les fameux appels! Je me suis pratiquée longtemps, durant la chasse, dans l’auto et un peu partout en fait, mais c’est très difficile de prendre confiance lorsqu’aucune bête ne te répond ou qu’il n’y a aucun signe de vie. Ça peut même devenir décourageant et on se met alors à se questionner: qu’est-ce que j’ai fait de pas correct? Au fil du temps j’étais moins confiante en mon call et on dirait que je n’osais presque pas appeler par peur de mal faire. Au fil des ans, j’ai compris que l’erreur que je faisais n’était pas de ne pas caller parfaitement comme tous les guides ou experts de ce monde, mais bien de ne pas essayer. J’ai eu la chance d’avoir de belles interactions l’automne dernier et pourtant je suis loin d’être la meilleure «calleuse». J’étais plutôt timide, mais lorsque que j’ai eu une bête devant moi c’est devenu instinctif et je n’ai même pas réfléchi; les sons sortaient tout seul. Apprendre à me faire confiance quand je calle a été mon plus bel apprentissage de la saison.
Je vous raconte cette petite anecdote qui peut paraître banale, mais pour moi, ça m’a démontré qu’on était tous capable. S’agit de foncer! J’ai appris de mon erreur cette fois-là et j’y repense encore aujourd’hui ! Maintenant je saurai exactement comment réagir si la situation se reproduit!
Voici ma petite histoire :
Mercredi soir pendant l’arbalète, ça fait plusieurs fois qu’on localise un gros mâle et qu’on le voit au fond du bûché. Peu réactif aux différents calls, il cherche sa femelle et c’est tout. Le matin on tente une approche, mais à la suite d’un passage de véhicule dans le buché l’orignal disparait. On laisse retomber la poussière pour pas « bruler» le spot. On reviendra plus tard en après-midi. Nous sommes restés à l’affut dans cet endroit pendant quelques heures et par la suite vers 15 h 30 notre plan était de repartir en faisant un petit buck qui harcèle une femelle. On fait notre scénario comme ça, une heure ou deux s’écoulent et pas de signe de vie. En retournant vers notre point de départ du matin, on s’est aperçus qu’un mâle orignal nous suivait silencieusement. Depuis quand? Ça nous ne le savions pas !
Cool ! Notre scénario en fait réagir finalement un. Voyant que le buck nous suivait mais sans plus et voyant les dernières lueurs de soleil, mon grand cousin et moi on se regarde. Lui croit que c’est fini et que nos chances de réussite sont très faibles, alors que moi c’est le contraire. Puisqu’il nous suit il est donc intéressé ou curieux? Je fais donc ni une ni deux et je dis: go on y va! On fonce dessus!
Moi avec mon arbalète et mon grand cousin devant avec la palette qui frotte dans les framboisiers. Je n’en revenais pas, j’étais en train de vivre ce qu’on voit dans les films. Moi avec très peu d’expérience et qui n’avais pratiquement jamais fait d’approche sur un orignal pendant le rut. Je vivais un rêve!
Par la suite il s’est passé quelques minutes. Le buck est demeuré visible, mais toujours un peu trop loin pour réaliser un tir comme j’aurais voulu. Par la suite, il est entré dans une petite tale de sapins et j’ai eu la chance de l’intercepter mais un peu trop près à mon goût… C’est à ce moment que j’ai compris que je l’avais vraiment leurré. Il était convaincu que j’étais un orignal. Sous stress et avec un très court moment de réflexion, j’ai décidé d’avancer vers lui un peu trop vite et là il a réalisé que je n’étais peut être pas un orignal finalement. Il s’est déplacé et en raison d’une mauvaise évaluation de ma part, j’ai manqué mon tir. Nous avons fait venir un chien de sang. Conclusion, l’animal n’était pas blessé et nous l’avons même repris en photo deux jours plus tard. Depuis je n’ai cessé de me questionner sur le pourquoi du comment mais juste l’expérience et l’adrénaline qu’il m’a faites vivre, m’ont permis de connaître une de mes plus belles chasses.

Le buck manqué par l’auteure et capté deux jours plus tard par une caméra de détection.

Jeune mâle orignal finalement récolté par l’auteure durant le même voyage, comme quoi il ne faut jamais se décourager!