SAUVAGINE
L’ouverture le 28 septembre dans l’est de l’Ontario : UNE VRAIE HONTE !
Non mais on se moque de nous??? Ouvrir la chasse à la sauvagine aussi tard que le 28 septembre dans l’est de l’Ontario, quelle décision dénuée de respect et de considération pour les sauvaginiers de cette région. Les gestionnaires du Service Canadien de la Faune (SCF) le savent très bien, moi également pour l’avoir expérimenté et vérifié avec une approche quand-même sérieuse (nourrissage par un citoyen non-chasseur dans ses étangs), entre le 15 et le 20 septembre, survient toujours la première tempête d’automne qui pousse les canards locaux, sous un vent favorable et porteur du nord, à migrer en masse. Résultats, il ne reste presque plus de canards à l’ouverture quoique vous fassiez. Certains diront : «oui mais cela va apporter des migrateurs vers nos régions »! Oui, c’est vrai, mais c’est trop peu trop tard, car ces canards d’outre contrée n’auront pas eu le temps de se réorganiser avant l’ouverture et ils seront trop dispersés pour que nous pussions en profiter. Ajoutez à cela un printemps 2024 très hâtif, vous avez la recette parfaite pour une ouverture bien ordinaire! Au pire, nous irons à l’outarde qui devrait être bien présente à la veille du mois d’octobre!
Qu’est ce qui provoque le comportement de migration ?
Parlant de migration, voici en deux mots à quoi elle sert. Au moyen de ce comportement, les oiseaux en général, dont la sauvagine, évitent des conditions environnementales inadéquates pour leur survie à l’approche de l’hiver, ou une prédation accrue lors de sa période de nidification, en se dirigeant vers des milieux aux conditions plus favorables. Par exemple, en ce qui concerne la prédation des nids, il a récemment été démontré, au moyen de faux nids remplis d’œufs de cailles, que la prédation baisse d’environ 5% à chaque degré de latitude à partir de la nôtre (n= 30 nids à chaque latitude placée en milieu équivalant). Conclusion : les oiseaux migrateurs migrent donc au nord pour, entre autres, éviter une trop grande prédation qui est plus accrue au sud, la densité des prédateurs y étant plus élevée et les aires de nidification plus accessibles.
Durant l’automne et l’hiver, les oiseaux migrateurs vont se déplacer vers des latitudes plus près de l’équateur, où les conditions sont plus stables et favorables à leur survie. Les divers groupes de sauvagine ne dépassent généralement pas l’équateur dans leur migration post nuptiale car ce faisant, ils se dirigeraient à nouveau vers des conditions hostiles. Cependant, certains oiseaux, comme les sternes, et d’autres oiseaux de rivage vont même migrer d’un pôle à l’autre!
Ce sont les changements saisonniers (photopériode, gel etc.) qui stimulent la production hormonale qui déclenchent généralement ces migrations. Mais les longs vols de migrations sont passifs, ils se font toujours par un vent porteur du nord, la plupart du temps la nuit (moins de convection et d’instabilité atmosphérique), sous une pleine lune, terreur des sauvaginiers qui savent bien que leurs meilleurs sites vont carrément se vider sous de telles conditions surtout vers la fin novembre (comme avant une ouverture trop tardive 😉). La sauvagine possède des mécanismes internes adaptés à ces changements saisonniers. Lorsque les beaux et longs jours reviennent, les oiseaux font le voyage inverse, vers leurs lieux de nidification.
Comme je viens de le mentionner, plusieurs oiseaux, dont la sauvagine, migrent la nuit. Les cycles saisonniers et circadiens de la mélatonine sont associés à cette frénésie migratoire. Des études ont démontré que les oiseaux en captivité, vont s’orienter en direction de leur parcours habituel de migration, lorsque la période migratoire se présente. Ils vont aussi commencer à voler sur place et à changer régulièrement de perchoir pendant la nuit. Lorsque les oiseaux ont ce comportement frénétique ou une migration nocturne à l’automne, les taux de mélatonine sont plus élevés la nuit que le jour. Le taux de mélatonine joue donc un rôle dans le déclenchement de cette agitation migratoire, ce taux étant augmenté par la diminution de la photopériode et réduit par son augmentation, puisque la lumière empêche la production de mélatonine.
Vous pouvez même suivre en temps réel la migration nocturne des oiseaux sur ce site https://birdcast.info/migration-tools/live-migration-maps/ (figure 2). Il est question ici de l’ensemble des oiseaux, mais on peut très bien constater que la migration automnale vers le sud est bel et bien entamée!

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Figure 1 – Photo radar montrant une migration au jour le jour.
Fraternité sauvaginière
Cette année j’ai vécu ma cinquantième ouverture à vie. Le premier épisode à l’ouverture de la chasse de la présaison de la bernache résidente le 5 septembre avec mes amis Angie et Sebastien (photo 3 et 4), et la seconde, avec un autre groupe de sauvaginier le samedi suivant, avec lequel j’ai appris une bonne leçon, malgré ma crinière toute blanche et mon demi-siècle d’expérience sauvaginière; je vous raconte. À la suite de ma douloureuse séparation, je me suis acheté une maison au bord de l’eau dans la magnifique baie de L’Orignal, un élargissement de la rivière des Outaouais en amont de Hawkesbury. Cette baie est un dortoir régional connu, et j’avais déjà guidé dans le coin jadis, mais après 12 ans d’absence, disons que j’étais une peu perdu côté permission. Il faut dire que depuis quelques années, notre monde agricole a subi de grandes perturbations avec des gonflements spéculatoires extraordinaires qui ont noyé les petits producteurs en faveur des géants qui prennent maintenant toute la place! J’ai aménagé vers la fin juin, tout de suite j’ai vu un groupe de 12 bernaches résidentes au bout de mon terrain, puis cinquante, et cent et deux cent cinquante à la fin août! Comme l’ouverture de la présaison approchait et mon taux de sérotonine était dans le plafond (fièvre sauvaginière), j’ai commencé à suivre ces bernaches qui, en fait, se posaient à 5 minutes de ma nouvelle demeure! Après une semaine de yoyo, j’ai fini par arriver dans la cour de l’agriculteur qui avait acheté une partie des terres de l’ancien propriétaire qui avait tout de même conservé celle où les bernaches allaient! Ma surprise fut totale de voir mon ami Euclide, un petit papier à la main, qui me souriait de son plus beau sourire, disons un peu baveux! C’est le jeune agriculteur, nouveau propriétaire, qui venait de lui remettre le numéro de téléphone de l’ancien maître des lieux …. Gentleman, je n’ai pas demandé le numéro, mais, connaissant l’agriculteur (j’ai guidé 8 ans dans la région voici un moment), je pouvais le retrouver et aller lui demander la permission. Mais non, j’ai dit à Euclide: «Hey, je voulais y aller jeudi à l’ouverture, mais je vais t’attendre samedi, qu’est ce que tu en penses?» Il me regarde, sourit, et dit: Oui, on va voir du fun!». Effectivement, juste avant la grosse pluie, nous avons passé un très bon moment ensemble, comme en témoignent les beaux sourires de ces sauvaginiers alignés derrière ce tableau de chasse plus que respectable 😊 (photo 5).
Conclusion, lâchons un peu l’esprit de clocher, et soyons ouverts aux autres, cela apporte parfois des dividendes inattendus.


Photo 3 et 4 – Mes amis Angie et Sébastien, gardiens de ma bonne humeur et de ma joie de vivre durant les moments corsés.

Photo 5 – Le beau tableau réalisé en présaison cette année avec la «gang à Euclide», merci gang!
Truc du guide
Les caches couchées, pourquoi les «bouetter»?
Bien simplement parce que nous manquons toujours de temps pour tout faire, incluant se lever assez de bonne heure pour camoufler nos caches ou le faire la veille! En les «bouettant» vous avez déjà fait la moitié de la besogne de camouflage. Trop souvent, je vois les caches couchées recouvertes de trop d’herbes ou de résidus de culture pour cacher la couleur de base qui n’a rien à voir avec celle du sol environnant. Ce n’est pas nécessaire si le fond de votre cache se confond avec la couleur du sol; sur votre lieu de chasse. Il est aussi très rare qu’il reste autant de résidus de culture au sol, votre cache aura l’air d’un pou sur une feuille blanche si vous la recouvrez trop de végétation! Voyez vous-même la différence entre les deux caches sur la photo 6, trop camouflée, et celles sur les photos 7 A-B, qui se confondent très bien avec le décor environnant.
Pour faire un bon fond de boue, rien ne vaut une bonne brosse à plancher et un bon trou de … bouette ! N’hésitez pas à frotter avec force en faisant des petits cercles, tel que démontrés sur les photos 8 A-B-C, pour bien faire pénétrer la boue entre les fibres du matériel constituant votre cache. Pourquoi? Sinon, à la première grosse pluie ce sera à refaire. Laissez sécher au soleil, et hop, le tour est joué. Il ne restera plus qu’à ajouter des restes de végétaux présents au sol à toutes les deux ganses, ou, selon leur densité, à chacune d’elles, sur votre lieu de chasse le matin même, ou encore mieux, la veille si vous le pouvez.

Photo 6 – Un bon exemple d’une cache couchée bien trop perceptible, remarquez comment elle masque le sol qui est à moitié dénudé dans cette partie du champ.

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Photos 7 A et B – Au contraire, cette cache se confond parfaitement avec son environnement; cacher sa cache, je le dis souvent, mais on n’écoute pas toujours!

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Photo 8 A-B-C – Il peut sembler de prime abord anodin de savoir «bouetter» une cache couchée, mais avec cette approche, vous n’aurez pas besoin de recommencer trop souvent!
Aménagement et gestion de la faune
Je reviens encore sur la date de l’ouverture tardive dans l’est ontarien, la règle, selon ce que je sais, est que cet événement, tant attendu, doit se produire au troisième samedi de septembre dans cette région. J’aimerais que le SCF nous explique sa base de décision de l’avoir retarder d’une semaine en 2024, et pourquoi faut-il un décalage d’une semaine avec celle du Québec? Si leurs explications se tiennent au point de vue de la science ou de l’aménagement de la faune, il me fera un immense plaisir de vous les transmettre et de les expliquer à mon tour. La balle est lancée, vont-ils la prendre au bond?
Sur ce, bonne ouverture du canard 😊