ÉDITORIAL

Par
Louis Turbide

VANESSA ROUSSIN
La place des femmes dans les groupes de chasseurs
Depuis une quinzaine d’années, il est rafraîchissant de voir de plus en plus de femmes pratiquer la chasse au Québec! Celles-ci ne font pas seulement qu’accompagner leurs conjoints, elles s’investissent avec autant de passion que ces derniers et leur succès est éloquent! De plus, cela vient grandement aider à l’image de la chasse face aux anti-chasseurs qui aiment bien nous dépeindre comme des brutes sanguinaires! Enfin, je ne peux que dire bravo et être heureux de constater qu’annuellement au Québec 25% des nouveaux adeptes certifiés de chasse sont des femmes! Sans cette clientèle, l’avenir de notre loisir préféré ressemblerait à quoi? Il ne faut jamais oublier que plus on est d’adeptes de chasse actifs au Québec, plus notre activité demeure en santé à bien des niveaux.
Je ne pensais donc pas en 2024 être obligé d’aborder ce sujet mais il semble que c’est encore pleinement d’actualité malheureusement. Avant d’entamer ma réflexion je me permets un retour dans le temps. Je me rappelle comme si c’était hier d’une discussion que j’avais eue avec un homme qui cherchait des partenaires pour son groupe de chasse à l’orignal en Gaspésie. J’avais eu une excellente discussion de plus d’une heure avec lui et tout semblait conclu jusqu’à ce que je lui dise que le partenaire qui allait m’accompagner était en fait ma conjointe de l’époque. À ce moment-là, la discussion cordiale avait cessé et l’homme m’avait clairement fait savoir qu’il n’était pas du tout question qu’une femme se greffe à son groupe de chasse. Je n’en revenais pas et même s’il avait un territoire à très fort potentiel, je lui avais dit que dans les circonstances, cela ne m’intéressait plus du tout. Cela se passait en 1990! 34 ans plus tard, j’entends encore trop souvent ce genre d’histoire. Je trouve cela totalement aberrant et j’essaie de comprendre.
En quoi la présence d’une ou plusieurs femmes dans un groupe peut être néfaste au déroulement ou au succès de cette activité? Personnellement je chasse souvent avec ma conjointe, quelques fois uniquement nous deux et d’autres fois en groupe avec d’autres chasseurs et je n’ai jamais ressenti le moindre malaise bien au contraire! C’est un sujet délicat mais l’exercice est fait simplement pour amener une certaine réflexion sur ce sujet. Alors je me lance dans certaines hypothèses!
Une question de chimie
Certains chasseurs vont me dire que s’il y avait une ou des femmes dans leur groupe de chasse ils n’agiraient pas de la même façon, que c’est leur semaine dans l’année pour lâcher prise, lâcher leur fou entre gars! Soit! Je peux comprendre mais l’un n’empêche pas l’autre et les femmes peuvent être autant de party que les hommes! Si tout est clair dès le départ, il ne devrait pas y avoir de problème et si la femme se sent inconfortable dans un tel contexte ça sera à elle de décider de ne pas se greffer à ce groupe et non d’être exclue automatiquement. Personnellement, j’attends la prochaine saison de la chasse à l’orignal toute l’année alors les groupes qui fêtent un peu trop avant que l’orignal ne soit récolté et rendu au frais dans une chambre froide, ça ne m’intéresse pas du tout. J’ai 350 jours dans l’année pour lâcher mon fou donc tant que l’animal n’est pas récolté je garde le focus mais quand c’est fait, je fête ça grandement comme tout le monde! Tout ça pour dire que l’argument mentionné ici peut s’appliquer autant à un homme qu’à une femme. Mettre les choses au clair dès le départ est donc primordial.
Une question de performance ou sous-performance ?
Certains messieurs peuvent aussi craindre qu’une femme performe plus qu’eux dans leur groupe? Si c’est le cas, vous n’avez pas compris qu’un groupe de chasse forme un tout et que c’est en mettant en commun les forces de chaque membre du groupe qu’on peut atteindre nos objectifs. La récolte d’un orignal est une affaire de groupe et non d’individu et encore moins de femme ou d’homme! Ça serait vraiment désolant que cette raison qui ne serait sûrement pas avouée ouvertement soit un des facteurs qui mène au refus de greffer une femme à un groupe. Peut-être aussi que certains hommes n’acceptent pas de femme parce qu’ils considèrent que leurs chances de récolte pourrait diminuer vu l’inexpérience d’une femme dans leur groupe selon eux? J’espère que non et ça me ferait bien rire car dans la plupart des groupes il y a des chasseurs au niveau d’expérience très varié et c’est ce qui fait la beauté d’un groupe. Ce n’est donc pas une raison valable d’exclure quelqu’un, du moins ce n’est pas une vraie raison! Une femme qui va se greffer à un groupe va généralement le faire avec son conjoint. Ces deux personnes se connaissent très bien et savent tirer le maximum de chacun d’eux! Où est le problème?
Je sais que je n’ai qu’effleuré ce sujet délicat mais si cela peut amener une certaine réflexion, j’aurai atteint mon objectif! Il y a déjà une dizaine d’années que j’ai initié ma conjointe à la chasse et j’en suis très heureux! Aujourd’hui nous partageons une passion commune que ce soit en duo ou en groupe! Messieurs, si vous avez des réticences à rajouter une femme à votre groupe, mettez cartes sur table dès le début et sortez un peu de votre zone de confort! Vous serez agréablement surpris! Bonne chasse!
