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Édition septembre 2024

MASKINONGÉ

5 mythes à propos du plus grand prédateur de nos eaux!

Par Richard Monfette

Mythe 1

Le maskinongé est le poisson aux 10 000 lancers…

Dans les articles sur le maskinongé on lit souvent que le maski est le poisson aux 10 000 lancers suggérant ainsi que vous aurez besoin de plusieurs milliers de lancers pour déjouer un seul poisson. Évidemment si vous ne connaissez rien du maski, que vous êtes mal équipé et que vous ne suivez pas certaines règles de base, il se pourrait bien que vous n’ayez jamais la chance d’attraper un seul gros ésocidé… Toutefois sur un bon plan d’eau un pêcheur qui fait ses devoirs, qui se documente sur les habitudes saisonnières du grand poisson et qui s’équipe convenablement pour affronter Sieur maski, devrait avoir plutôt besoin de quelques centaines de lancers (et parfois beaucoup moins) et non quelques milliers pour attraper son premier maski avec cette technique. Ne vous laissez donc pas décourager par le mythe des 10 000 lancers…

Si vous devez faire 10 000 lancers pour attraper un maskinongé, c’est que vous ne pêchez ni aux bons endroits, ni de la bonne manière…

Si vous devez faire 10 000 lancers pour attraper un maskinongé, c’est que vous ne pêchez ni aux bons endroits, ni de la bonne manière…

Mythe 2

le maskinongé est un poisson qui vit essentiellement dans les herbiers ou à proximité de ceux-ci durant toute la période de pêche en eau libre.

Plusieurs pêcheurs croient qu’à l’instar de son cousin le brochet, le maski affectionne les herbiers et leur bordure et qu’il y passe l’essentiel de son temps. Mais la réalité est tout autre. D’ailleurs, même pour les brochets de grande taille cette croyance est fausse. Attention, je ne dis pas ici que les ésocidés n’aiment pas les herbiers, mais plutôt que leur association avec les herbes n’est pas un automatisme et dépend de plusieurs facteurs. Bien sûr les petits brochets continuent de prendre position dans les zones herbeuses toute la saison, mais pour les gros brochets c’est une autre histoire. En effet, lorsqu’il atteint une certaine taille il devient beaucoup moins tolérant à l’eau chaude estivale et il regagnera alors les secteurs plus profonds se positionnant souvent en suspension dans le bassin principal du plan d’eau pour chasser ses proies. Dans le cas du maski, comme il est plus tolérant aux températures d’eau plus chaudes, ce n’est pas vraiment ce facteur qui cause son exode des zones d’herbes, mais plutôt la poursuite de ses proies favorites comme le cisco, le gaspareau, l’éperlan, la laquaiche et bien d’autres. Il ne faut pas oublier aussi qu’à l’automne les herbiers meurent ce qui fait que même les perchaudes par exemple (qui représentent une de ses proies préférées), quitteront souvent les zones d’herbes pour migrer vers des endroits plus profonds. Un autre facteur non négligeable qui incite les maski à sortir des herbiers et à prendre position plus en profondeur est bien sûr la forte pression de pêche et l’abondance de plaisanciers durant les vacances. En résumé, bien que le maski affectionne les herbiers pour s’y mettre à l’affût de ses proies, il faut toujours garder à l’esprit que souvent il faudra aussi le chercher en suspension ou simplement en profondeur. Il est toujours tentant de lancer nos leurres près des obstacles et des structures pouvant servir de cachettes au maski, mais n’oubliez jamais, qu’une grosse boule de poisson fourrage (baitfish) apparaissant en suspension sur votre sonar devrait toujours être considérée comme une structure à cibler comme vous le feriez avec une belle pointe herbeuse…

Bien qu’il soit tentant de pêcher le maskinongé près des herbiers, il est faux de croire qu’il s’y trouve en permanence.

Mythe 3

Les maskinongés mangent tous les poissons du lac et sont nuisibles pour les autres poissons sportifs comme le doré et l’achigan.

Oui les maskinongés comme plusieurs autres prédateurs sont des poissons opportunistes qui peuvent se nourrir de pratiquement tout ce qui nage dans l’eau y compris les petits mammifères, oiseaux, reptiles ou batraciens… En gros ils sont au sommet de la chaîne alimentaire et on pourrait dire qu’ils sont les lions de nos eaux. Ceci étant dit, est-ce qu’une population de maskinongé peut nuire à la pérennité des autres poissons sportifs présents? Pas du tout. Oui les maski se nourrissent de dorés, d’achigans, de salmonidés et tant qu’à y être de maskinongé si l’occasion se présente. Mais en condition normale plusieurs études réalisées aux États-Unis ont démontré que l’essentiel de son alimentation est le plus souvent constituée des proies les plus abondantes et faciles à capturer. Selon les plans d’eau il pourra s’agir de perchaudes, de ciscos, de gaspareaux, de meuniers, de chevaliers (suceurs), de laquaiches ou de barbottes. Donc la prochaine fois qu’un pêcheur gardera un gros maski et qu’il vous dira que c’est parce que les maskinongés mangent tous les dorés vous saurez quoi lui répondre…

https://muskie.outdoorsfirst.com/

Vignette : MINNESOTA DNR

Les maskinongés peuvent manger pratiquement de tout, dont même les représentants de sa propre famille (photo du haut), mais il est faux de croire que ce soit la norme. D’ailleurs plusieurs études sur son alimentation, réalisées chez nos voisins du sud, ont démontré que les poissons sportifs sont somme toute peu représentés dans sa diète, cette dernière se portant plutôt vers des proies abondantes et faciles à capturer comme la perchaude. Sur la photo en vignette, on peut voir le contenu stomacal d’un maskinongé de 47 po (vivant dans un bon lac à doré) incluant une abondance de perchaudes, des crapets, des barbottes et barbues et un chevalier (suceur). Ce poison était vraiment en appétit…

Mythe 4

Le maskinongé doit toujours se pêcher à grande vitesse autant à la traîne qu’au lancer.

C’est le mot toujours qui cause problème ici… Effectivement le maskinongé est un poisson rapide qui apprécie généralement des vitesses de récupération ou de traîne élevée. J’ai même déjà pris un maski en pêchant à près de 13 km/h (8 mph) en août… Mais, à l’instar de toutes les espèces, le maskinongé est influencé par les changements de conditions climatiques comme le passage d’un front froid sévère. Dans ce cas il faut bien sûr ralentir la vitesse de progression du leurre pour s’ajuster à l’humeur des poissons. À titre d’exemple, si la vitesse idéale serait de 8 km/h (5 mph), lors d’un front froid il faudra parfois ralentir à 3-5 km/h (2-3 mph). De la même manière, le refroidissement de l’eau en automne oblige aussi à ralentir la cadence.

Au maskinongé, comme à toutes les espèces, il faut adapter sa vitesse de traine à l’humeur des poissons et aux conditions climatiques. Mais il est vrai que lorsque la température de l’eau est idéale et que les poissons sont actifs, il s’agit d’un des poissons les plus rapides de nos eaux et qu’il est souvent très profitable de traîner ou récupérer nos leurres à grande vitesse.

Mythe 5

C’est en automne que les maskinongés sont les plus actifs et faciles à capturer.

Maskinongé et pêche automnale sont presque synonymes dans la tête de la plupart des pêcheurs. D’ailleurs, c’est définitivement le meilleur moment si on a comme objectif de capturer les plus gros poissons de la saison. Il s’agit d’une période d’engraissement en vue de la saison froide et c’est à ce moment que les poissons sont les plus lourds. En fait un gros poisson pourra souvent prendre quelques kg entre juillet et novembre. C’est donc la période préférée des chasseurs de trophées. Toutefois, si l’automne est la meilleure période pour capturer de gros poissons, contrairement à ce qu’on pourrait croire, c’est l’été (entre juillet et septembre) que nos chances sont les meilleures de croiser le fer avec le maski. L’eau est alors plus chaude ce qui fait que le métabolisme des poissons roule à plein régime et par ricochet les grands ésocidés doivent se nourrir plus souvent. Personnellement si j’avais une période à choisir pour pêcher le maski ce serait le mois d’août.

Même si l’automne est la vraie saison pour capturer d’énormes maski, il en demeure pas moins qu’ils sont souvent plus faciles à leurrer en été.

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